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LE PEUPLE LOUP : Rencontre avec le réalisateur Tomm Moore !
Aouh ! Le 20 octobre dernier sortait enfin dans les salles obscures le magnifique LE PEUPLE LOUP signé Tomm Moore (LE CHANT DE LA MER) et Ross Stewart. Et comme ce joli film d’animation a fait battre nos coeurs de coyotes, notre journaliste Matthieu Pinon est allé à la rencontre de Tomm Moore pour qu’il nous dévoile tous ses secrets de fabrication. Suivez-le guide !
Après bien des péripéties, LE PEUPLE LOUP est finalement sorti dans les salles obscures le 20 octobre. De passage à Paris, son réalisateur, le génial Tomm Moore, nous en dit plus sur ce film merveilleux. Grâce aux secrets de production qu’il a dévoilés à Coyote Mag, vous savourerez encore plus en famille cette pépite venue d’Irlande !
Depuis la sortie en 2009 de BRENDAN ET LE SECRET DE KELLS, Tomm Moore a su imposer son talent à travers le monde… à tel point qu’il a été réclamé par Mamoru Hosoda pour travailler sur une séquence de son dernier long métrage, BELLE. Avec LE CHANT DE LA MER, sorti en 2014, et LE PEUPLE LOUP qui a enfin trouvé le chemin des cinémas malgré la pandémie, il clôt sa « trilogie irlandaise ». Le natif de Kilkenny ne cache en effet pas son attachement profond pour sa patrie, où il a fondé et développé le studio Cartoon Saloon qui, aujourd’hui, embauche pas moins de 500 artistes. Installé pour trois mois dans notre capitale afin de prendre des cours aux Beaux-Arts et enseigner son savoir aux étudiants des Gobelins, le réalisateur nous a donc logiquement reçus dans la cour du Centre Culturel Irlandais, dans une ambiance pluvieuse et automnale en phase avec LE PEUPLE LOUP.
BRENDAN ET LE SECRET DE KELLS était co-réalisé avec Nora Twomey, et LE PEUPLE LOUP avec Ross Stewart. Vous n’aimez pas travailler seul ?
C’est différent à chaque fois. Pour LE CHANT DE LA MER, j’ai réalisé tout seul, car c’est une histoire qui me tenait à cœur, et j’avais une relation privilégiée avec Adrien Merigeau, le directeur artistique. Mais, au final, c’est un film très personnel. Pour BRENDAN…, nous avons dirigé le film à deux avec Nora dans l’esprit des films Pixar, et c’est ce qui me semblait le mieux pour débuter.
En revanche, quand nous avons travaillé sur LE PEUPLE LOUP, Ross et moi nous sommes assis autour d’une table en réfléchissant à un film que nous voulions vraiment faire à quatre mains. Des fois c’est plus facile, d’autres fois plus compliqué que travailler en solo ; mais l’expérience était vraiment enrichissante pour lui comme pour moi. Nous voulions en effet travailler équitablement sur chaque aspect du film. Donc ça m’a permis d’animer plus, ça lui a permis de peindre plus… Sur LE CHANT DE LA MER, j’avais dû animer uniquement deux scènes, car j’étais trop occupé à superviser chaque département du studio. Donc vraiment, ça a été une très bonne expérience pour nous deux.
Sur LE PEUPLE LOUP, il y a des moments particulièrement périlleux pour une production animée : la séquence où les loups voient les odeurs avec une palette de couleurs inédite, un plan séquence en vue subjective dans la peau d’un loup…
Du point de vue de l’histoire, nous voulions montrer à quel point la transformation en loup était une étape spéciale pour l’héroïne. Et nous ne pouvions que passer par son regard pour l’exprimer. Le monde dans lequel elle évoluait jusqu’ici est plat, et quand elle devient louve, elle se sent libre, il y a de la perspective, on a un point de vue tridimensionnel…
Et il y a aussi cette synesthésie, où Robyn peut voir les odeurs quand elle est sous sa forme de loup, que nous avons souhaité représenter de manière un peu psychédélique… Il fallait retranscrire la sensation que cette expérience est un point de non-retour et qu’après l’avoir vécue, revenir dans le monde réel apporte une sensation de perte.
Nous voulions aussi pousser les curseurs sur l’aspect visuel. Ross et moi avons vu le film d’Isao Takahata, LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, et nous étions vraiment inspirés par cette volonté de pousser encore plus loin les possibilités de l’animation traditionnelle. Ironiquement, pour y arriver, nous avons conçu l’environnement en réalité virtuelle, et nous y avons fait circuler notre caméra, et nous avons imprimé le résultat page après page pour le reproduire manuellement. Alors oui, il y avait beaucoup de papier mais à l’origine, c’est un travail numérique pour la prévisualisation !
D’ailleurs, comme dans LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, vous avez conservé énormément de traits de construction sur le résultat fini dans LE PEUPLE LOUP.
Si vous regardez de près LE PEUPLE LOUP, vous réaliserez que nous avons essayé de créer un langage avec les lignes. Quand vous vous sentez libre, les designs ont encore beaucoup de traits de construction, alors que dans la ville, les traits sont beaucoup plus durs, plus nets. Les habitants de la ville ont un design très anguleux et net ; le peuple loup est en rondeurs et en traits plus relâchés, et Robyn et son père sont dans l’entredeux. Il ne s’agit pas uniquement des actions ou des dialogues des personnages, mais également leur design qui donne des indications sur leur évolution. Il y a eu beaucoup de travail sur les traits rêches ou relâchés comme support expressif.
Et ce n’est pas si facile d’avoir deux styles différents sur un seul et même film ! Nous avions dû diviser les équipes et leur confier les étapes selon le degré de relâchement des traits, en naviguant entre le point de vue du Lord Protector et celui des loups.
Nous avons parlé de l’ordinateur et du dessin à la main, pourriez-vous donner plus de détails sur les couleurs ? La palette automnale est extrêmement riche, ce qui doit être particulièrement difficile à animer !
C’est vraiment la spécialité de Ross, le directeur artistique, qui est peintre à l’origine. Nous avons entraîné les équipes dans les forêts d’Irlande pour peindre directement les vraies couleurs des feuilles, parce que c’est une texture très étrange, très humide. Et nous avons établi un « color script », que nous avons intégré à notre storyboard. À chaque séquence, une tonalité était attribuée, car il y a un vrai langage chromatique dans LE PEUPLE LOUP. Les couleurs expriment l’état d’esprit des personnages.
La sortie du film a souffert de la pandémie, et beaucoup de personnes le verront uniquement sur Apple+. Est-ce que vous avez dû effectuer des modifications en pensant qu’il serait visionné sur des petits écrans, et pas sur des grands ?
Non, nous n’avons rien modifié. Selon notre philosophie, si ça rend bien sur grand écran, ça rendra bien sur un petit aussi. Bien sûr, le voir sur petit écran vous donnera envie de le voir sur un grand, pour savourer plus de détails, mais nous n’avons rien simplifié. L’unique modification que nous avons apportée, à la toute fin, est sur la couleur afin qu’elle corresponde plus aux produits Apple.
Combien de temps a-t-il fallu pour produire LE PEUPLE LOUP ?
Techniquement huit ans, mais durant cette période j’ai travaillé sur LE CHANT DE LA MER et LE PROPHÈTE, j’ai contribué au prochain film de Nora… donc ce n’est pas quelque chose qui est allé tout seul. Si je pense uniquement au temps consacré au PEUPLE LOUP, je dirais quatre ans.
Et c’est donc votre première pause en tant que réalisateur…
Depuis vingt-deux ans ! Ça fait du bien, même si je suis un peu angoissé car je n’ai jamais connu cette sensation de ne pas savoir sur quoi j’allais travailler ensuite. Il y avait toujours un projet futur, parfois même déjà enclenché, pendant que je travaillais sur un film. Et les gens me demandent tous ce qui va venir ensuite, mais je préfère ne rien dire. Mais c’est agréable, car je prends enfin le temps de dessiner à nouveau !
Propos recueillis par Matthieu Pinon au Centre Culturel Irlandais de Paris, le 1er octobre 2021
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