Interview
Interview KIM Youn-Kyung (YUREKA et PING)
Peut-être l’auteure coréenne la plus célèbre en France grâce à YUREKA, Youn-Kyung Kim était de retour dans nos librairies avec PING. Un manga de baston (option arts martiaux surréalistes) qui se distingue par son personnage féminin costaud, pied-de-nez involontaire aux autres auteurs réunis dans ce dossier spécial « Korean Macho Man ». Rencontre et questions-réponses du tac-au-tac.
Il y a quelques années, vous aviez déclaré au sujet de YUREKA que vous ne modifiiez jamais le scénario que vous envoie Son Hee Joon. Maintenant que la série a dépassé les 30 tomes, est-ce toujours le cas ou bien exprimez-vous désormais vos envies sur la direction qu’elle prend ?
Non, aujourd’hui je m’implique davantage dans la création de l’histoire. Je pensais au début qu’on finirait la série en 30 tomes, mais avec le scénariste on a su qu’on pouvait aller plus loin quand j’ai commencé à m’impliquer.
PING en revanche est une série très courte. Était-ce une volonté ?
J’ai travaillé simultanément sur PING et YUREKA et je n’aurais pas pu tenir ce rythme longtemps. C’est pour ça que PING est si court, ça m’a permis de m’évader un instant mais travailler sur deux séries m’a vite stressée !
Alors justement, on va dire qu’on est le 25 septembre. Vous devez rendre vos planches le 25 octobre. Comment vous organisez-vous ?
Je travaille chez moi tout le temps. Je sors seulement une semaine avant la fin, le 18 par exemple, pour un rendez-vous avec l’éditeur. Je commence par faire beaucoup de brouillons, pour avoir une bonne idée de la mise en scène globale du chapitre. Ensuite, je reviens sur chaque scène, que je mets au propre et que j’encre les unes après les autres.
D’ailleurs, avec combien d’assistantes travaillez-vous ?
A l’époque où je dessinais les deux séries, j’en avais quatre. Plus précisément deux duos, un par série, généralement une apprentie et une professionnelle. Les pros s’occupent des décors, par exemple, pendant que les débutantes apprennent. Les apprenties me contactent directement en m’envoyant leurs travaux, par contre c’est moi qui démarche les pros.
L’un d’entre eux est-il devenu professionnel ?
Malheureusement, pas encore. C’est dommage d’ailleurs, de plus en plus d’assistants viennent avant tout pour l’argent, et font finalement un travail médiocre. Je suis alors obligée d’en changer et c’est pénible, professionnellement et humainement.
YUREKA et PING ne sont pas vraiment des comédies romantiques dont les adolescent(e)s sont friand(e)s. Pensez-vous vous frotter un jour au genre ?
Non, je n’aime pas les romances. En Corée, il y a une association, un syndicat des dessinatrices, mais comme mes manhwa s’adressent plutôt aux garçons, je n’ai pas le droit d’en faire partie ! (rires)
La différence graphique entre PING et YUREKA faisait partie de cette envie d’évasion dont vous parliez ?
Oui, je voulais vraiment sortir du style de YUREKA. J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver ce que je voulais. Par exemple, quand on mange toujours de la cuisine coréenne, il y a un moment où on a envie de cuisine japonaise, ou chinoise, quelque chose de différent. Dans cette idée, j’ai réalisé un one-shot pour un magazine, le temps d’un été, que j’ai entièrement dessiné au pinceau, juste pour le plaisir de faire autre chose.
Utilisez-vous l’ordinateur dans votre travail, ou sert-il uniquement pour scanner et envoyer vos planches ?
Moi non, mais les assistants savent très bien s’en servir.
Des projets en plus de YUREKA, maintenant que PING est terminé ?
Non, là je me concentre sur YUREKA !
La fin de l’histoire est-elle déjà prévue ?
Le scénariste la connaît déjà, il l’a établie depuis le début. Mais il refuse de m’en donner les détails ! Il m’a juste raconté de quoi m’en faire une vague idée (rires)
Depuis votre dernière venue, il y a deux ans, la culture coréenne arrive en France avec le phénomène du hallyu. Qu’en pensez-vous ?
Oh, vraiment ! Les Français se mettent à la K-Pop ? (rires) Je suis contente pour eux, mais je préférerais qu’ils lisent des manhwa plutôt qu’écouter de la K-Pop ! (rires) Mais j’aime beaucoup le public français, on sent qu’ils aiment vraiment lire de la BD et sont passionnés par les histoires.
Propos recueillis par Matthieu Pinon en septembre 2012.
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