Interview
Interview Kamijo
Connu dans un premier temps comme chanteur de Lareine (1994 – 2007), un des groupes phares du visual kei, Kamijo a ensuite poursuivi son exploration de l’esthétisme et de la thématique des XVIIe et XVIIIe siècles en France à travers son groupe Versailles. Mais depuis 2013, Versailles s’est mis en pause et c’est désormais en solo qu’œuvre Kamijo – toujours dans un style heavy metal progressif et épique, mais plus sophistiqué et conceptuel que jamais. À l’occasion de la sortie de son premier véritable album, HEART, Coyote Mag a recueilli les paroles du plus aristocratique des chanteurs japonais – dont les fans ont encore le mémoire le concert exceptionnel qu’il a donné au Divan du Monde de Paris le 4 juillet dernier !
Tu as démarré ta carrière solo en 2013. Qu’est-ce qui t’a poussé à arrêter Versailles pour te lancer en solo ?
Les membres, ainsi que les équipes techniques de Versailles, ont compris la nécessité de revoir l’importance de la valeur d’existence du groupe. Par conséquent, j’ai proposé de faire une pause, en tant que le leader du groupe.
Considères-tu aujourd’hui que Versailles appartient définitivement au passé, ou y-a-t-il une chance de voir le groupe renaître ?
Soyez confiants !
Le fait de composer en solo te permet-il d’exprimer ce que tu ne pouvais pas exprimer auparavant avec Versailles ?
Il n’y avait pas de chose que je ne pouvais exprimer dans Versailles. Mais je considère que les compositions en solo représentent des choses que je ne peux faire qu’en dehors d’un groupe.
Lorsque tu as commencé à composer en solo, avais-tu déjà une idée très précise de la musique que tu voulais faire ?
En effet, j’avais des idées bien précises. Mais ceci n’a jamais été nouveau.
Peux-tu nous présenter les musiciens qui t’accompagnent aujourd’hui dans ta carrière solo ?
Meku est un guitariste très technique recommandé par beaucoup de gens. Il est non seulement un bon guitariste dans son jeu mais aussi un grand performeur agressif et formidable. DAISHI, un autre guitariste, ne peut malheureusement pas venir cette fois-ci avec nous. Il est le leader du groupe MU que je produis moi-même, et il a une super technique et le sens musical. Je vous invite à découvrir leur musique. IKUO est l’un des meilleurs bassistes du Japon. Il est plus expérimenté que moi mais il sait entourer le groupe avec une très bonne ambiance. Comme vous n’êtes pas sans le savoir, Shinya est le batteur de DIR EN GREY. C’est mon ami depuis 18 ans. Je suis très heureux de pouvoir jouer sur scène avec mon ami de longue date.
Ton premier single solo, LOUIS, est sorti en août 2013. Quel en est le thème ?
Le désabusement.
Ton premier mini-album solo, SYMPHONY OF VAMPIRE, est sorti tout récemment. C’est visiblement un disque qui développe un concept très précis… Que peux-tu nous en dire ?
Il s’attache à repeindre l’histoire. J’ai voulu transformer la vie de Louis XVII en une vie plus brillante, à travers ma musique.
Le concert de Paris était nommé « THRONE », ce qui est aussi le nom de l’un des mouvements de SYMPHONY OF THE VAMPIRE… Pourquoi avoir choisi de lui donner le nom de ce morceau en particulier ?
Parce que pour moi, la scène est le THRONE (« Trône »). Puisqu’il s’agit de ma toute première scène en tant qu’artiste solo, j’ai souhaité la nommer ainsi.
Les roses et les vampires sont au cœur de tes visuels et des thèmes que tu développes dans ta musique actuelle. Que symbolisent ces deux choses pour toi ?
La rose signifie le sang, et le vampire signifie l’éternité.
Penses-tu continuer à creuser les thèmes du romantisme et du vampirisme à l’avenir, ou étais-ce simplement un concept associé à un seul disque, que tu abandonneras par la suite ?
Ces thèmes sont mes thèmes principaux.
Avec Lareine, Versailles et même aujourd’hui en solo, tu as toujours développé les thèmes et l’imagerie des XVIIe et XVIIIe siècles et de la monarchie française… Qu’est-ce qui t’attire autant dans ces périodes de notre histoire ?
La façon de vivre des gens qui aiment leur pays
Est-ce à cause de cette fascination pour la France que tu avais choisi de donner un unique concert européen précisément à Paris ?
Tout à fait. Puis il y a une autre raison : je voulais remercier les staffs de Torpedo pour m’avoir permis de faire un concert inoubliable devant un château la dernière fois.
Comment travailles-tu pour la composition de tes œuvres solo ? Est-ce que tu composes à la guitare, au piano, avec un ordinateur… ?
La base, c’est en fredonnant. J’utilise autant la programmation que la guitare et le piano pour développer.
Dans ton processus d’écriture, les paroles viennent-elles généralement avant ou après la musique ?
Pour les parties importantes, j’écris au préalable ou en même temps que la composition. Pour le reste de la partie, c’est souvent après.
Avec ton premier groupe, Lareine, tu as fait partie des grands noms du visual kei… Comment juges-tu l’évolution de ce style, depuis le début des années 90 jusqu’à aujourd’hui ?
Il est vrai qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de styles et de genres. Donc on ne peut plus définir avec un seul mot « visual-kei ». Mais moi je ne connais que le visual kei des année 90.
Mana, de Malice Mizer et Moi Dix Mois, apparaît dans un de tes clips… Comment en êtes-vous arrivés à cette collaboration ?
J’ai discuté avec lui autour d’une bouteille et on s’est dit que ce serait sympa de faire quelque chose ensemble.
Tu as été roadie de Malice Mizer – et c’est d’ailleurs là que tu as rencontré Mayu, avec qui tu as formé Lareine. Est-ce que tu considères que, d’une certaine façon, c’est un peu grâce à Mana que tu as démarré ta carrière dans la musique ?
Oui tout à fait, et je lui en suis très reconnaissant.
As-tu l’impression d’être devenu, à ton tour, une référence du genre, à l’égal de Mana ?
Non ! Pas du tout. Et je ne pense même pas que j’y arriverai dans le futur.
Quels sont maintenant tes prochains projets musicaux ? Es-tu déjà en train de travailler sur de nouvelles compositions ?
Je suis en train de créer un œuvre d’une dimension démesurée. Soyez patient !
As-tu un message pour tes fans français ?
Je remercie la France et les français qui ont été une immense influence dans ma vie. Je suis né et j’ai grandi au Japon, mais je suis persuadé que ma musique existe grâce au pays qui s’appelle la France. Ça a été un grand honneur pour moi d’avoir pu chanter le 4 juillet dernier devant vous pour vous en remercier.
Texte : Christophe Lorentz / Photos : Julien Chatome
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