Interview
Interview de Keiko Nagita, scénariste de CANDY
Avec son regard pétillant et ses cheveux d’or, la jolie orpheline Candy a marqué toute une génération grâce à son adaptation animée diffusée lors de l’émission Récré A2 à la fin des années 70. Keiko Nagita, la scénariste du manga original CANDY CANDY a retrouvé son héroïne quarante ans plus tard pour écrire deux romans publiés aux éditions Pika. Lors de son passage à Livre Paris, en mars dernier, notre journaliste Marie Carbonnier a pu la rencontrer.
Parlez-nous de ces deux romans qui sortent en France. Contrairement à ce que l’on peut penser c’est du Young Adult !
Oui, il y a quarante j’ai écrit un premier roman sur Candy destiné aux enfants. En me basant sur les 2 000 pages du scénario du manga CANDY CANDY, j’en suis arrivée à 500 pages de manuscrit. Mais j’aurais pu en faire dix tomes ! Quand l’opportunité de rééditer mon roman s’est présentée, j’ai eu envie de le réécrire pour un lectorat plus adulte. J’estimais que mes personnages avaient grandis en même temps que moi.
Peut-on s’attendre à des différences entre le manga, l’animé et les romans ?
Bien sûr, j’ai pris de l’âge. Il m’est arrivé toutes sortes de choses qui n’ont pas toujours été faciles, comme pour mes personnages. Le temps et l’expérience nous ont fait évoluer. Le premier tome reprend l’histoire de Candy telle qu’on la connait mais d’un point de vue plus mature. Le second volume est un roman épistolaire et va raconter l’avenir des personnages. En fait, j’ai mis dans ces romans tout ce que je n’ai pas pu écrire pour le manga !
Comment est venue votre vocation pour l’écriture ?
J’ai perdu mon père quand j’avais dix ans, ça m’a beaucoup marquée. J’ai soudain pris conscience que la mort est imprévisible. Ce drame m’a poussée vers les livres et m’a fait réfléchir. Je me suis alors dit que le meilleur moyen de donner forme à mes pensées était la poésie. Et comme ça ne m’a pas suffi j’ai écrit un premier roman… mais aujourd’hui j’aurais bien trop honte si on le lisait !
Abordez-vous l’écriture différemment s’il s’agit d’un roman ou d’un scénario ?
Oui, complètement ! On est plus libre d’exprimer la psychologie des personnages dans un roman. Quand j’écrivais des scénarios je veillais toujours à ce que cela soit facile à retranscrire pour Yumiko Igarashi (dessinatrice de CANDY CANDY) que ça donne une belle image et qu’il puisse y avoir du mouvement. Le plus dur pour moi c’était quand l’éditeur modifiait certaines scènes. Avec le temps j’avais plus de mal à l’accepter. Un jour, je me suis dit que c’était devenu impossible pour moi d’écrire des scénarios.
Est-il vrai que vous avez écrit le dernier épisode de CANDY CANDY en France ?
Oui ! Au Domaine de Beauvois, un château hôtel à Luynes. Il n’y avait personne car on était hors-saison. J’avais envie d’être isolée, de me retrouver seule avec mes personnages. Je me souviens que j’avais le cœur qui battait, j’étais très excitée et j’ai énormément écrit. En revanche, la première fois que je suis entrée dans ma chambre j’ai vu un tableau de chasse et je me suis mise à pleurer parce que cela m’a fait penser à Anthony.
Vous êtes vraiment très attachée à vos personnages !
J’ai pleuré parce que j’étais désolée d’avoir fait mourir Anthony, mais aussi parce que je n’ai pas trop aimé le tuer lors d’une chasse au renard. Anthony est un personnage doux et gentil, je ne pense pas qu’il aime la chasse. À l’époque, l’idée ne me plaisait pas non plus mais il fallait un impact visuel pour le manga. C’est devenu l’une des scènes les plus importantes de CANDY CANDY… mais cela m’a vraiment désolée !
En France, cette mort a tellement choqué les parents que lors de la rediffusion de la série animée, le scénario avait été modifié par la chaîne Antenne 2 : Anthony était simplement blessé et à l’hôpital.
(Elle rit) Oui, j’ai appris ça ! Mais du coup, Anthony disparaît : où est-il ? A-t-il perdu la mémoire ? Néanmoins, je peux comprendre cette réaction. Moi-même j’ai eu pas mal d’hésitation à inclure cette mort dans le scénario.
Regrettez-vous ce choix scénaristique ?
Non, j’aurais tout simplement refusé sinon. Mais en vrai, l’homme meurt toujours de façon soudaine. Je l’ai moi-même expérimenté. La vie est éphémère et même si ça peut choquer les gens, c’est comme ça. Je ne trouvais pas plus mal de transmettre ce message aux enfants. En voyant Candy surmonter un drame similaire, les enfants peuvent se dire qu’eux aussi en sont capables.
Selon vous, est-ce pour cela que la mort et les orphelins sont omniprésents dans les œuvres destinées aux enfants ?
Quand j’ai perdu mon père, je lisais ANNE LA MAISON AU PIGNON VERT, le roman de Lucy Maud Montgomery. Cette lecture m’a beaucoup apportée et m’a réconfortée. Quand on vit un tel drame, on devient plus sensible à la gentillesse et à la bienveillance de notre entourage. J’espère que des œuvres de ce genre continueront d’exister et d’inspirer les lecteurs.
Le théâtre est un acteur important dans CANDY CANDY. Les pièces de Shakespeare en particulier y sont souvent représentées comme ROMEO ET JULIETTE, HAMLET, LE ROI LEAR… Le théâtre a-t-il été une source d’inspiration pour votre scénario ?
Bien sûr, Shakespeare m’a énormément influencée. Mais il y a aussi Racine et Giraudoux envers qui je suis extrêmement reconnaissante !
Que pensez-vous des « héritières » de Candy ? GWENDOLYNE de Yōko Hanabusa ou LA ROSE DE VERSAILLES de Riyoko Ikeda ?
J’ai beaucoup apprécié ces mangas et j’espère qu’il y en aura d’autres dans la même veine, mais je regrette qu’il y en ait si peu dans la production actuelle.
Pour vos dédicaces, il paraît que vous avez réservé un cadeau très spécial pour vos fans ?
J’ai apporté le stylo avec lequel j’ai écrit la fin de CANDY CANDY ! Maintenant j’écris à l’ordinateur mais je fais partie des gens qui ont écrit le plus longtemps possible à la main. Ce stylo, je l’avais acheté à Paris. Je ne l’ai plus utilisé depuis ce dernier chapitre. Quand on m’a invitée en France, j’étais tellement heureuse que je l’ai ressorti, quarante ans après ! Comme il est longtemps resté dans son coin, il doit être content d’être utilisé à nouveau.
Remerciements à Clarisse Langlet de chez Pika.
- Résumé de CANDY – Candice White l’orpheline : Candice White est une petite fille espiègle et adorée de tous à la Maison Pony, l’orphelinat qui l’a recueillie. Elle y coule des jours heureux jusqu’à l’adoption d’Annie, son amie de toujours. Désormais seule, Candice voit peu à peu défiler les années et désespère de trouver une famille. Alors lorsque les Lagan se proposent de l’embaucher, même comme simple demoiselle de compagnie, Candice n’hésite pas un seul instant ! Et quoiqu’elle doive composer avec Neal et Eliza, deux garnements bien décidés à faire d’elle leur souffre-douleur, elle n’échangerait sa place pour rien au monde. Après tout, c’est ainsi qu’elle a rencontré Stair, Archie et, bien sûr, leur cousin Anthony ! Mais une chasse au renard pourrait bien tout faire basculer…
Le tome 2, CANDY – Le prince sur la colline, sortira en libraire le 12 juin prochain.
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