Cinéma
CALAMITY, UNE ENFANCE DE MARTHA JANE CANNARY : Rencontre avec son réalisateur Rémi Chayé !
Envie d’une séance ? La semaine dernière, le nouveau film de Rémi Chayé (TOUT EN HAUT DU MONDE), CALAMITY, UNE ENFANCE DE MARTHA JANE CANNARY est sorti sur grand écran. À cette occasion, notre journaliste Matthieu Pinon est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur ce nouveau bijou d’animation !
Le 14 octobre sortait en salles, CALAMITY, UNE ENFANCE DE MARTHA JANE CANNARY, fresque aventureuse, colorée et féministe dans le Far-West. Le réalisateur Rémi Chayé revient pour nous sur la production de cette « biographie fictive » d’une légende de l’Ouest, auréolée du Cristal du long-métrage au festival d’Annecy.
- Graphiquement, on retrouve dans CALAMITY le style de votre précédent film TOUT EN HAUT DU MONDE, notamment ces aplats de couleurs sans contour…
J’ai mis très longtemps avant de trouver ce style graphique pour TOUT EN HAUT DU MONDE, qui a été adossé à une méthode d’animation sur Flash pour concevoir ce film. Sur CALAMITY, j’ai retrouvé une partie de l’équipe qui souhaitait, comme moi, réutiliser et complexifier cette méthode de travail. C’est donc plus une logique de fabrication qui nous a amenés à conserver ce style graphique.
- On change de lieu, mais on se retrouve dans la même période historique, la seconde moitié du XIXe siècle.
C’est une période avec laquelle je suis assez à l’aise, je trouve qu’il y a beaucoup de romanesque dans cette époque-là. Il y a une aventure qui était beaucoup moins fermée qu’aujourd’hui : les gens partaient, ils passaient la colline… et on ne sait pas ce qu’ils devenaient ! L’aventure et le danger étaient beaucoup plus prégnants qu’aujourd’hui, où tout est en cartes.
- On trouve un autre point commun, c’est d’avoir une héroïne adolescente. Est-ce que cela vous tient à cœur ?
J’aime bien l’idée de faire des héroïnes un peu valeureuses, guerrières. CALAMITY est un film sur le droit à la brusquerie, un film dont l’idée est que l’élégance ne vient pas avec les gènes X. Les filles peuvent s’habiller une fois en pantalon, une fois en jupe, mais cela ne les empêche pas d’être des filles pour autant. Le message fonctionne également pour les garçons, d’ailleurs : c’est cette liberté de vivre comme on le souhaite qui leur fera une vie plus douce.
- Comment la recherche documentaire s’est-elle passée ?
On n’a pas de vérité, mais un énorme nuage de légendes, de folk songs, de romans à quatre sous vendus à l’époque, pendant le vivant de Martha Jane, qui racontaient n’importe quoi sur elle… Travailler sur la vie de Calamity Jane, c’est naviguer entre les « témoignages » de gens qui ont fait de son personnage ce qu’ils voulaient selon les époques. Cela va de la fille supersexy redresseuse de torts avec ses flingues au personnage qu’on retrouve dans la série DEADWOOD de HBO. C’est tout et n’importe quoi, toujours avec la fascination d’une femme qui franchit la barrière du genre.
Nous avons travaillé avec ce qui est la référence selon moi, un livre de Richard W. Etulain, qui développe les raisons pour lesquelles les parents de Martha sont partis. Il explique qu’on ne sait rien pendant deux ans, jusqu’à un article de presse montrant les trois gamins Canary en train de mendier à Virginia City, et nous avons décidé de travailler sur cette « période vide ». On ne peut donc même pas dire que nous avons pris des libertés avec la vérité historique, puisqu’on ne la connaît pas.
- CALAMITY est un film qui parle de la jeunesse d’une femme, et on retrouve justement beaucoup de femmes dans l’équipe…
C’était vraiment une volonté sur la production. Nous avions essayé de le faire sur TOUT EN HAUT DU MONDE, mais nous en étions assez loin, et sur CALAMITY, nous n’avons pas réussi non plus : il me semble qu’on était à 53 % d’hommes-47 % de femmes, donc on ne peut pas faire les malins. Mais l’idée était d’avoir une parité dans les postes : à postes équivalents, notamment les cadres, ne pas avoir que des mecs. Et ce sont des conditions de travail très agréables, les équipes sont beaucoup plus équilibrées.
- Il y a également l’importance de la femme en tant que mentor avec le personnage de Madame Moustache. D’autant plus qu’elle gère une mine d’or, rôle habituellement masculin.
Mme Moustache est un personnage qui a existé, même si elle n’était pas directrice d’une mine d’or. Elle était meneuse d’une revue qui se baladait dans l’Ouest américain, avec des danseuses qui n’étaient pas des prostituées. Il y a quelques personnages féminins forts, comme cela, dans l’Ouest américain, et Calamity deviendra une de ces figures.
J’aime beaucoup cette histoire d’un conducteur de diligence qui a eu son heure de gloire à Deadwood en conduisant des chariots dans des circonstances rocambolesques. C’est seulement à sa mort en 1900 à Los Angeles que les croque-morts ont découvert que c’était une femme ! Il n’y avait que 2 % de femmes dans l’Ouest américain à l’époque, et les seuls métiers féminins possibles, c’était lavandière ou prostituée. Beaucoup de femmes se travestissaient donc en hommes, avec les cheveux courts, pour exister dans ce monde masculin. Et c’est le cas pour Martha, quand soudain Madame Moustache arrive et lui dit : « Mais non, tu peux avoir les cheveux courts, porter un pantalon, mais rester une femme. » Cette femme, qui assume d’être une femme, en faisant des trucs d’homme, c’est l’énorme originalité de Martha Jane à l’époque.
- C’est un western où il n’y a pas un seul coup de feu qui est tiré, mais où la principale arme est la ruse…
Nous savions tout de suite qu’il n’y aurait pas de flingue, ou tout du moins qu’elle ne s’en servirait pas. Que ce soit le producteur, les scénaristes ou moi, nous n’avions pas envie de montrer une gamine avec un flingue. C’est une des raisons qui me faisait dire « Ce n’est pas un western », car on ne reprend pas les codes de la vengeance, de l’homme qui se fait justice soi-même, auxquels j’adhère moyennement… Par essence, c’est l’histoire d’une menteuse. Elle a menti sur sa vie en permanence, et nous avons créé un personnage à la Tom Sawyer, qui se sort des situations en racontant des mensonges, ou en enjolivant la vérité.
- Avez-vous déjà en tête votre prochain projet ?
L’histoire se déroulera à nouveau au milieu du XIXe siècle, dans les fortifs et ce qu’on appelait « la zone », un anneau autour de Paris déclaré inconstructible en 1830 pour se défendre contre les Prussiens. Cette contrescarpe est devenue un endroit où les Parisiens se promenaient, puis les pauvres ont commencé à s’y installer, et en ont fait un gigantesque bidonville qui faisait le tour de Paris. C’est de là que sortait toute la pauvreté parisienne qui faisait peur aux bourgeois. Et je vais m’intéresser au destin d’une gamine, issue de ces quartiers, qui veut faire carrière comme chanteuse réaliste. Ce sera sur la musique, la chanson réaliste, la pauvreté et l’injustice sociale à la fin du XIXe siècle, début XXe.
Propos recueillis le 13 juillet 2020 par Matthieu Pinon
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